L’importance de la surveillance
Une série spéciale de billets des conseillers de la NPPV
Par Rhonda Wiebe, conseillère de la NPPV
Personne ne compte les fois
où vous ne pouvez pas aller marcher
parce que vos yeux ne voient pas les dangers dans les rues glacées
Impossible de faire plus de vingt pas
sans que votre corps s’effondre, épuisé et à bout de souffle
Mais vous devez continuer de marcher, sans quoi vous ne marcherez plus du tout
Aucune aide financière n’est offerte pour que quelqu’un vous mette vos chaussettes
ou attache vos bottes
et vous emmène marcher
On ne compte pas ça.
On ne compte pas
Les heures que vous attendez pour aller aux toilettes
Jusqu’à ce que votre conjoint rentre à la maison
Parce que ça fait trop mal de vous déplacer et de vous nettoyer
Parce que la douleur ne se compte pas et que les corps ne sont pas réglés comme des horloges
Et personne ne compte les fois
où vous demandez d’avance de gros caractères
Et qu’ils n’en ont pas
Et personne ne compte les regards que vous jettent les infirmières
lorsque vous leur demandez de vous lire à voix haute les petits caractères pour
que vous sachiez ce que vous signez, quelles pilules vous prenez, quelles instructions on vous donne
Personne ne compte quand vous avez besoin que quelqu’un
signe pour vous, communique avec vous de manière à ce que vous sachiez ce qui vous est arrivé après vous être fait mal
Personne ne compte les chutes et les hanches fracturées
quand votre maison est un établissement de soins – mais de qui prend-on soin?
Personne ne compte les exclusions, l’isolement,
les jours où vous n’avez d’autre choix que de rester au lit
Personne ne compte les dollars retenus par la bonne science, les bonnes pratiques
pendant que vous attendez pour voir quelqu’un, vous sentir mieux, avoir de l’espoir
Apparemment, quand vous mourrez, quand vous demandez de mourir,
ils scrutent votre pathologie
et inscrivent une maladie
Personne ne saura donc
si vous avez atteint vos limites
Et personne ne comptera
pour connaître ces limites.
Rhonda Wiebe est active dans le mouvement des droits des personnes handicapées depuis plus de vingt ans et a consacré la plupart de ses efforts aux questions touchant la dépréciation de la vie des personnes handicapées et l’interruption de la vie. Elle vit à Winnipeg au Manitoba.